La joie du jeune Victor n'avait jamais été si intense que lorsqu'il avait été sorti de la rue pour rejoindre un orphelinat. Il s'était alors imaginé aller dans une véritable école, avoir accès à une grande bibliothèque, pouvoir apprendre à volonté, lire toujours plus, puis transmettre tout cela à ses amis restés dans la rue. Bien sûr il avait appris énormément au sien des Amis, mais de vrais professeurs, cela lui avait paru extraordinaire. Tous avait été ravis par cette nouvelle.

  Malheureusement, le rêve avait rapidement tourné au cauchemar. Arrivé à l'orphelinat on lui avait imposé une tenue, un lit, des habitudes de vie, tout jusqu'à son repas lui était minutieusement imposé. Pire encore, on voulait lui imposer des valeurs qui n'étaient pas les siennes. Il lui était hors de question de quitter celles des Amis. Alors on tentait de les lui inculquer par la force. Il avait vécu humiliations, sévices morales, jeun imposés, injures quotidiennes, et n'avait reçu aucune solidarité des autres pensionnaires.

  Pire, eux aussi, portés par les actes des adultes, reproduisaient les traitements qu'ils lui imposaient.

  Pourtant Victor ne lâchait rien. Il avait tenté de s'échapper à plusieurs reprises et tentait toujours. Chaque fois on l'avait rattrapé, puni, il avait souffert, mais il avait recommencé. Durant quatre mois il n'avait pas revu les Amis. Il avait appris le terrible événement qui les avait touché dans les journaux. Sa chambre complètement retournée et ses hurlements avaient épanchés sa douleur. Pour le calmer, on l'avait placé en chambre solitaire, meubles rudimentaires et cloués, sous haute surveillance. Dans l'obscurité de cette simili cellule, il avait pensé, avait trituré son esprit, avait pleurer, avait crié. Il était endeuillé mais ne savait pas de qui exactement. Il avait vomis sa peine. Mais son esprit toujours était tourné vers la lumière.

  Aujourd'hui il en ressortait. Pourquoi ? Parce qu'un riche visiteur venait à l'orphelinat aujourd'hui. Il était donc important de faire bonne figure, et de montrer une image bienveillante et tendre envers les enfants.

  Cette fois, c'était certains, il allait s'échapper. Ça devait marcher ! Il avait un plan.